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Le village de Puycelsi et la forêt de Grésigne

« J'ai quitté Paris en 2003. Sylvain et moi aspirions à vivre à la campagne. Nous nous sommes dirigés vers Toulouse où le climat nous attirait. En chemin, nous avons visité Puycelsi, petit village fortifié "dans son jus", et nous en sommes tombés amoureux fous. De sorte que, dans la même journée, nous avons découvert le lieu, décidé de nous y installer, et trouvé une maison à vendre avec une vue imprenable sur la vallée ». Gudule, Galaxies n° 17, 05/2012.

Le village de Puycelsi

 

Situé à 50 km d'Albi, érigé sur un tertre pyramidal de roc calcaire, le village de Puycelsi (du latin Podium celsium, ce qui signifie Promontoire dans le ciel), domine la vallée de la Vère et la forêt de Grésigne. Habité depuis la préhistoire, cet endroit fut occupé par les Celtes puis les Romains. À la fin du XIIe siècle, Puycelsi devint la possession des comtes de Toulouse, protecteurs des Cathares. Ils fortifièrent la Cité et y édifièrent un château. Avec ses 850 mètres de remparts, ses sept tours de guet (il n'en reste que 2 aujourd'hui) et deux portes fortifiées, le village résista à de nombreux sièges : ceux de Simon de Montfort, des Pastoureaux, Anglais et Protestants. Puycelsi resta jusqu'en 1830 un lieu prospère. En 1950, le site était quasiment à l'abandon. Il fait désormais partie des "plus beaux Villages de France".

Une petite sculpture située à gauche du portail de l'église Saint-Corneille (XVe siècle) rappelle la légende du petit cochon de Puycelsi et commémore la victoire des habitants sur l'assiégeant.

La légende du cochon

 

Pour se débarrasser des Anglais qui les assiégeaient en 1386, les Puycelsiens employèrent une ruse : chaque jour, ils promenaient un cochon près des remparts et le piquaient avec une lance. Le pauvre porc poussait alors de terribles cris. Le blocus restant vain et désespérant de s'emparer de la cité, les Anglais crurent que les habitants possédaient une réserve de cochons à manger. Ils levèrent le siège. Or, il n'y avait qu'un seul cochon.

 

Gudule a écrit une variante à cette légende : « Au Moyen Âge, les villageois, assiégés par des troupes ennemies, avaient épuisé toutes leurs réserves de munitions. En ce temps-là, c'était la loi de la jungle : tuer ou être tués. Si le village était pris, ses habitants seraient massacrés jusqu'au dernier. Déjà, les assaillants escaladaient les murs d'enceinte... C'est alors qu'une jeune fille s'est mise à chanter. Elle s'appelait Tara et possédait un don étrange : sa voix attirait irrésistiblement les chats. Ceux-ci sont aussitôt accourus en grand nombre. Alors, les villageois les ont attrapés et les ont jetés sur les soldats qui, labourés par les coups de griffes, se sont enfuis en débandade. Chaque fois qu'un chat disparaît, la légende ressurgiot. Selon la tradition, l'âme des animaux sacrifiés hanterait encore le village, afin de prévenir leurs congénères du sort qui les attend, et ceux-ci s'enfuient sans demander leur reste ! On prétend également que, les nuits de pleine lune, Tara revient chanter sur les remparts. » (La Maison aux volets fermés, Averbode, coll. "Récits-Express" n° 11-12, juillet-août 2005).

Gudule, la Puycelsienne

 

Gudule a vécu de 2003 à 2015 à Puycelsi. Dans Le Bel Été, elle évoque son installation : « un couple débarqué dix ans plus tôt dans ce minuscule village du Tarn. Lui - Sylvain - la quarantaine épanouie, et si beau que toutes les femmes se retournaient sur son passage. Elle - c'est-à-dire moi -, nettement plus âgée, auteure comblée de quelque trois cent livres fantastiques ; ayant tous deux fui le chaos parisien pour un retour à la nature dont ils estimaient, sans doute à juste titre, qu'il couronnerait 20 ans de vie commune et deux carrières bien remplies. » (Éd. du Nombril, 2014, p. 6-7).

 

« Devenue rapidement une figure du village, il n'était pas rare d'entendre des visiteurs demander : "C'est bien ici que vit l'écrivain ?" Avec son compagnon Sylvain Montagne, disparu en janvier 2013, Gudule aura fortement marqué le village de son empreinte, laissant, entre autres doux souvenirs, la bouquinerie Le Temps de Lire, où l'on pourra la retrouver encore longtemps, dans les textes, les livres, les histoires, ce à quoi elle avait consacré son existence. » (Bulletin municipal Puycelsi n° 3, juillet 2015)

 

Gudule et son "work space"

Gudule habitait rue de l'Ancienne Gendarmerie. Depuis la Révolution française, une brigade à cheval complétée d'une brigade à pied étaient établies à Puycelsi (maison appartenant à la famille Tholozany)

Puycelsi, source d'inspiration

 

Gudule Ã©tait fascinée par les légendes de Puycelsi, ses histoires de fantômes. Elle s'est servie de ce lieu magique comme décor pour plusieurs de ses histoires. Elle parle aussi du village dans plusieurs récits.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans La Maison aux volets fermés (Averbode, coll. "Récits-Express" n° 11-12, juillet-août 2005), Puycelsi porte le nom de Pastourou. La jeune Louise suit ses parents en vacances dans un petit village du Tarn. Elle décrit Pastourou dans son journal intime : « Pour l'atteindre, on traverse une forêt, puis la route grimpe jusqu'au sommet d'un pic rocheux. Tout au-dessus, derrière les remparts fortifiés, un tas de petites maisons agglutinées autour de leur clocher [...]. Les rues sont si étroites qu'il y a à peine la place pour une voiture - d'ailleurs, elles sont interdites : il faut les garer à l'entrée. En fait, on se croirait dans un décor de film. Toutes les constructions ont au moins trois cents ans. Les façades sont couvertes de rosiers grimpants, et partout, il y a es jardinets avec des bancs de pierre où n'importe qui peut aller s'asseoir. Et je ne parle pas de la vue qu'on a des remparts : c'est carrément vertigineux ! » Gudule a déclaré à propos de cette histoire : « Le point de départ est un incident qui m'est arrivé lors de mon installation à Puycelsi : mon chat a disparu. J'en ai tiré un texte fantastique. »

Dans La Brodeuse de Cendres (2e partie du roman Valentin Letendre 2 : Frisson, amour et maléfices, Plon jeunesse, 2008), Gudule fait de Puycelsi l'un des multiples décors de l'Au-delà, où se poursuivent pour l'éternité les activités quotidiennes d'un petit groupe humain, en tout point similaire au nôtre.


Dans le roman Le Petit Jardin des fées (Mic-Mac, 2010), le village de Puycelsi porte aussi le nom de Pastourou.

 

Dans la nouvelle Parlez-moi d'amour, Gudule écrit : Â« Le temps s'était arrêté derrière ses remparts. Maisons à colombages, venelles tortueuses, minuscules placettes et jardinets-fouillis semblaient tout droit sortis d'une gravure médiévale. À tel point qu'on avait du mal, en les parcourant, à se défendre d'un sentiment de reconstitution. Ici, une gargouille en saillie sous une corniche vous crachait au passage des postillons de pluie. Là, une enfilade chaotique de tunnels, murets et escaliers s'ouvrait sur une chapelle en ruine, dont les statues de bois semblaient vous suivre des yeux. Ailleurs une tour de guet, penchée sur l'abîme, offrait sans vergogne aux assauts du vent le sourire vertical de ses mâchicoulis...  Â» (nouvelle parue dans l'anthologie Baisers de sang : 20 histoires érotiques de vampires, les Belles lettres, 2005 ; rééditée dans le recueil Mémoires d'une aveugle, Rivière blanche, 2012, p. 70-71).

Illustration de Benoît Roels représentant le village de Pastourou dans La Maison aux volets fermés.

La forêt de Grésigne

 

Près de 4000 hectares de bois en font la forêt la plus importante de Midi Pyrénées. Elle est composée de châtaigniers, de chênes-rouvres et de quelques résineux.

 

La faiblesse de l'occupation humaine permet à la forêt d'abriter une faune riche en cerfs, chevreuils, sangliers, en petits mammifères carnassiers (fouines, martres, genettes, chats sauvages). Elle abrite aussi plus d'une centaine d'espèces d'oiseaux nicheurs (aigle botté, palombe, faucon crécerelle, chouette effraie, chouette hulotte, hibou grand-duc, bergeronnette des ruisseaux, fauvette à tête noire, mésange nonnette…). Elle est la troisième forêt de France en nombre de coléoptères.

 

Pendant de nombreux siècles, le bois de la forêt était utilisé pour fabriquer des charpentes, des fûts de vin et du charbon de bois. Mais il servait surtout pour chauffer les fours des verreries qui se trouvaient aux abords de la forêt. Les maîtres verriers étaient d'origine noble et ils avaient le droit d'utiliser à volonté le bois de la forêt.

 

Sous le règne de Louis XIV, en 1660, on supprima les privilèges des verriers pour protéger la forêt. On fit construire un mur tout autour. On peut encore voir ses ruines au nord de la forêt.

Contes et légendes de la forêt de Grésigne

 

 

Gudule a raconté plusieurs légendes "traditionnelles" se rapportant à la forêt de Grésigne. Ces contes, publiés dans différents recueils, ont pour personnages récurrents la petite reine de Montmiral et un farfadet du nom de Reno. Trois de ces contes illustrés par Sébastien Mourrain présentent les lutins comme un peuple à part, menant leur propre vie en marge de la nôtre mais ne rechignant pas à y être mêlés, quitte à user de magie pour se défendre.

 

 

Le Farfadet gourmand, dans Contes et légendes des elfes et des lutins (Nathan, coll. "Contes et légendes" n° 60, 09/2006, 04/2012)

 

Comment Reno le farfadet rencontra, délivra et aima un cochon, dans Contes et légendes des elfes et des lutins (Nathan, coll. "Contes et légendes" n° 60, 09/2006, 04/2012)

 

Le Mariage de Reno, dans Contes et légendes des elfes et des lutins (Nathan, coll. "Contes et légendes" n° 60, 09/2006, 04/2012)

 

L'Ermite de l’Audoulou, dans Princesse Zoumouroud : 11 contes de sagesse (Le Livre de poche jeunesse Conte n° 1360, 08/2008)

 

L'Homme sans visage, dans Le Livre secret des monstres / collectif (Mic-mac, 10/2010)

 

La Petite reine qui sauva les arbres, dans Le Croqueur de lune : 21 contes à lire les soirs d’hiver (Mijade, coll. "Zone J", 02/2011)

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