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Jean Rollin

Réalisateur, producteur et scénariste s'illustrant essentielle-ment dans le genre fantastique, Jean Rollin (1938-2010) était aussi Ã©crivain. Son Å“uvre traite de la figure du vampire, avec un Ã©rotisme diffus.

 

En tant que directeur de collections pour plusieurs éditeurs successifs, Jean Rollin  publia au total sept romans de Gudule, entre 1994 et 1998. Par ailleurs, Gudule et sa fille Mélanie ont joué dans le film de Jean Rollin Les Deux Orphelines vampires (1995). Gudule y tenaît le rôle d'une religieuse, directrice d'un orphelinat de jeunes filles.

 

Plus d'informations sur le site officiel Jean Rollin.

Photographie ci-contre :

Gudule et Jean Rollin, dans les locaux des Éditions Florent Massot en 1997 lors de la sortie du livre de Jean Rollin : La Petite Ogresse.

Photogr. de Véronique Djaouti-Travers 

Livres de Gudule publiés sous la direction de Jean Rollin

Dans la collection "Frayeur" au Fleuve Noir :

  • Asylum  (1994),

  • Gargouille (1995),

  • Lavinia (1995),

  • La Baby-sitter (1995),

  • La Petite Fille aux araignées (1995).

 

Dans la collection "Poche revolver fantastique" aux éditions Florent Massot :

  • Petite Chanson dans la pénombre (1996).

 

Dans la collection "Les Anges du bizarre" aux éditions Sortilèges-Les Belles Lettres :

  • Mon âme est une porcherie (1998).

PRÉSENTATION

Les romans fantastiques et d'horreur de Gudule sont des histoires effrayantes et bouleversantes évoquant sur le mode fantastique traumatismes infantiles, quête d'identité ou de vérité, itinéraires de vengeance ou de reconstruction... Avec un humour qui arrache le sourire et un style incisif unique en son genre, teinté de poésie et d’émotion.

COMPILATION

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En 2008 et 2009, les éditions Bragelonne font paraître deux volumes compilant les romans fantastiques et d’horreur de Gudule.

 

Le volume intitulé Le Club des petites filles mortes rassemble huit romans écrits entre 1995 et 1998 et publiés en majorité, au Fleuve noir, dans la collection « Frayeur » dirigée par Jean Rollin.

 

Le recueil est dédié « À Jean Rollin. Merci pour tout, et le reste. »

Numéro zéro de la revue ZOO créée en 1995 par Jean Rollin avec quelques amis et auteurs de littérature fantastique, dont Gudule. C'est le seul numéro de cette revue qui n'a pas eu de suite.

Témoignages de Gudule

Ma rencontre avec Jean Rollin

  

   C'est par le biais de l'écriture, et non du cinéma, que j'ai découvert Jean Rollin. Je connaissais ses films, bien sûr, mais je n'avais jamais eu l'occasion de le rencontrer, malgré mes invitations réitérées à venir parler dans le micro de Radio Libertaire dont j'ai été longtemps  animatrice. Bref, il y a de cela une vingtaine d’années, un ami commun me téléphone : « Jean Rollin lance une collection de romans d'épouvante au Fleuve Noir, ça t'intéresse ? » Si ça m'intéressait ? J'étais dans le creux de la vague, comme on dit. Depuis des mois, je n'avais rien écrit. Pas d'éditeur valable, aucune inspiration ; le trou noir. Je téléphone à Jean, on prend rendez-vous, on discute un après-midi entier, nous émerveillant (enfin... moi, en tout cas) d'être à ce point sur la même longueur d'ondes. Je rentre chez moi regonflée à bloc, je me mets au boulot. Quinze jours plus tard, j'apporte Asylum Ã  Jean. Puis Gargouille, puis Lavinia...  La "machine" s'était remise en route, et j'en serai toujours reconnaissante à l'instigateur de ce nouveau départ. C'était d'ailleurs l'une des plus étonnantes caractéristiques de Jean Rollin : il était fécondant.  Par son charisme et sa force de persuasion, il a ainsi poussé nombre de gens à écrire. Et si la plupart de ces personnes, n'ayant pas l'écriture dans la peau, n’ont pas récidivé, elles ont néanmoins mis, dans ce livre unique, le meilleur d'elles-mêmes. Et leur brève incursion dans le monde de l'édition restera sans doute pour elles un souvenir inoubliable.

    Signalons quand même qu’on doit à Jean Rollin les prémices de trois plumes admirables qui, depuis, on fait du chemin : celles de Pascal Françaix,  d’Alain Venisse et d’Olivier Ka.

Le style "Jean Rollin"

 

     Je ne suis pas théoricienne du cinéma, mais pour moi, Jean Rollin est ce que j'appellerai un peintre-cinéaste. Il conçoit ses prises de vue comme des tableaux. Je me suis souvent amusée, en passant ses films sur magnétoscope, à faire des « arrêts sur image » impromptus. La similitude avec les toiles de Clovis Trouille ou de Paul Delvaux saute alors aux yeux. On nage en plein surréalisme. À moins que — autre facette de l'univers rollinien — on ne se retrouve plongé dans les illustrations d'un feuilleton de Gaston Leroux, ou dans les pages du Journal des voyages. Car c'est ça, le style Rollin : un mélange de tableaux empreints de cette folie visionnaire propre aux surréalistes, et d'images d'Epinal stockées dans sa mémoire de vieil enfant rêveur.

     C’est également le cas de son Å“uvre littéraire, ses écrits n'étant, somme toute, que la prolongation de sa démarche cinématographique — ou l'inverse. Il y a un univers Rollin, point. Que cet univers se déploie en images, en mots, ou qu'il y ait interraction entre les deux langages lorsque l'un est l'adaptation de l'autre, la différence est anecdotique. Ce n'est qu'une question d'outil, d'éclairage. L'exploration de l'univers rollinien, qu'il se fasse avec une caméra ou une plume, entraîne toujours le spectateur — ou le lecteur — dans des territoires oniriques puissamment originaux, d'une sensualité sombre et déconcertante. Les préjugés les mieux enracinés y sont allègrement piétinés par de jeunes sauvageonnes perverses et tendres, sur lesquelles nos valeurs sociales n'ont pas prise. On y joue à cache-cache avec l'amour, la mort, l'au-delà, le pouvoir, la souffrance. Et le spectateur sort rafraîchi (ou outré. Par chance, Jean Rollin ne plaît pas à tout le monde ; rien n'est plus suspect que l'unanimité !) de ce bain de non-conformisme et de liberté.

Sur le tournage des Deux Orphelines vampires

 

  Les Deux Orphelines vampires ont été tournées à la fin du printemps 1997 — un printemps pourri. Il faisait un froid de canard et il pleuvait sans cesse. Le château, qui avait été loué pour servir de décor au couvent, était une vraie glacière, et tout particulièrement la crypte. Ah, cette crypte... Les deux ou trois jours durant lesquels nous y avons tourné ont été, au sens propre du terme, un enfer. Tout le monde était malade, ça toussait, ça se mouchait dans tous les coins. Jean dirigeait son équipe de semi-moribonds enveloppé dans des couvertures et grelottant de fièvre. Il était si pâle qu'il aurait pu jouer un rôle de mort-vivant sans maquillage !

    Sa faiblesse était telle, d'ailleurs, qu'à la fin de chaque prise de vue, il était obligé de s'allonger. Il lui est même arrivé, certains jours, de donner ses indications à Jean-Noël, son assistant, depuis un lit le camp improvisé sur le plateau. Le soir, soutenu par sa collaboratrice Véronique Djaouti — sans qui il n'aurait peut-être pas eu la force de tourner son film jusqu'au bout — il repartait vers l'hôpital, tenter de se remettre en forme pour le lendemain.

   Véronique aussi a eu, sur ce décor, de nombreuses mésaventures. Avec ses ailes, entre autres... Ces ailes, créées par le décorateur Sylvain Montagne, étaient en caoutchouc et d'un poids redoutable, ce qui ne devait pas poser de problème au départ puisque, dans le scenario, la femme chauve-souris restait immobile, n'apparaîssant que comme une sorte de statue. Mais en cours de tournage, Jean, séduit par la silhouette de Véronique pourvue de ces appendices majestueux, modifie son rôle. Après être restée sans bouger sur l'autel de la petite chapelle mortuaire où trouvent refuge les orphelines, elle s'anime et les emmène avec elle dans la crypte. Superbe séquence. Véro, traînant ses lourdes ailes derrière elle comme une cape, a une allure, une démarche d'une étonnante beauté. Mais — revers de la médaille — la scène s'achève, hors caméra, par une violente crise de tétanie. Les bras et les mains paralysés par des crampes insupportables, Véro pleure de douleur, soutenue par un Jean désolé et repentant. Mais qu'importe : les images sont dans la boite. Ce sont probablement les plus belles du film.

    Dans le jardin du château, il y avait un paon. Or, au printemps, les paon sont en rut. Et crient beaucoup. Il suffit de préter l'oreille aux bruits de fond du film pour y distinguer les « Léon ! Léon ! » suraigues du volatile. Le preneur de son était au bord du suicide. Jean, en revanche, a pris la chose avec beaucoup de philosophie. Après tout, ces cris intempestifs collaient parfaitement à l'ambiance de son film, pourquoi l'auraient-ils dérangé ?  

Une poule sur un mur

 

  En 1997, Jean Rollin tourne Les Deux Ophelines vampires où il m’offre le rôle de la mère supérieure de l’orphelinat. L’aventure me tente, bien sûr ! D’une part, je suis flattée qu’il ait pensé à moi, et d’autre part, l’idée de me déguiser en nonne titille ma fibre iconoclaste. En revanche, je ne sais pas jouer — mais pas du tout, du tout !

         â€” Et alors ? répond-il en riant. Ce n’est pas ça que j’attends de mes acteurs.

         â€” Qu’attends-tu, alors ?

         â€” Qu’ils correspondent à ce que j’ai dans la tête, et c’est le cas.

         Bref, bon gré mal gré, je me retrouve sur le plateau, en voile et robe de bure.

         C’est une expérience toute nouvelle, pour moi. En-dehors de quelques brèves figurations alimentaires, je n’ai jamais participté à un tournage. Alors, j’écoute, je regarde, je m’imprègne de l’ambiance ; je parcours le décor de long en large et observe attentivement l’équipe technique. Pour quelqu’un qui adore le cinéma, le vivre de l’intérieur, quel privilège !

         Les premières scènes auxquelles je participe se déroulent plutôt bien, même si j’ai le sentiment de réciter mon texte comme une élève de sixième. Jean assure : « Tu es parfaite Â». Et vient la fameuse séquence de la poule.

         C’est l’un des moments-clés du film. Sur le sol de la buanderie gisent deux adolescentes (dont ma fille Mélanie),vidées de leur sang par les vampirettes. Ces dernières, repues, barbouillées de bave rouge, dorment à leurs côtés, un sourire angélique aux lèvres. J’ouvre la porte, vois le spectacle, pousse un grand cri et tombe à la renverse dans les bras de sÅ“ur Marthe. Or, s’il est une chose difficile, pour un comédien — ou qui, en tout cas, requiert du métier —, c’est bien de crier. Libérer de soi ce jaillissement sonore sans être ridicule est une performance de vrai pro. Je le dis à Jean qui me rassure aussitôt :

         â€” Tu fais comme tu sens, on corrigera au montage. Au pire, je remplacerai l’image par un gros plan sur les gamines, avec un cri off.

         Bon, si c’est comme ça, ça va. On tourne la scène, j‘émets une sorte de caquettement de poule qui pond, Jean dit : « Très bien, on la refait Â», et je réitère ma performance une demi-douzaine de fois avant de passer à la séquence suivante.

         Quelques mois plus tard, c’est la générale. Heureusement qu’il fait noir dans la salle : mes première apparitions me remplissent de confusion. Dieux, que je suis mauvaise ! Je rentrerais bien sous terre...

         Mais que dire, alors, de la fameuse scène ? Jean Rollin l’a gardée dans son intégralité, y compris le cri de poule. C’est proprement insoutenable.

  En sortant de la salle, je rasais les murs, planquée derrière le col de mon manteau. Heureusement, personne ne m’a reconnue, et Jean était trop occupé avec la presse pour me remarquer. Encore une chance que le film, comme tous les films de Rollin, n’ait eu qu’une audience limitée. Je n’aurais pas survécu à une honte nationale !

Roman de Gudule en hommage à Jean Rollin

 

Première édition

sous le titre Qui hante la tour morte ?

(Magnard jeunesse, coll. "Fantastiques", 1999)

 

Réédition sous le titre

Profession vampire

(Archipoche jeunesse n° 2, 2007)

NOTE DE GUDULE

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« Profession vampire est un hommage à Jean Rollin, l’homme, sa passion, son travail, sa manière de diriger son équipe, et surtout sa gentillesse. Pour ceux qui seraient intéressés par le personnage, je recommande chaudement le livre "Moteur, coupez ! Les mémoires d’un cinéaste singulier", sorti l’année dernière aux éditions Edite. Il est en vente sur le net. »

vampire.com02/09/2009

PRÉSENTATION

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Les vacances commencent bien pour Loïc. Il est embauché pour jouer un petit rôle avec sa cousine dans un film de vampire. Mais d'étranges manifestations perturbent bientôt le tournage dans le vieux château...

Préfaces de Gudule à des livres de Jean Rollin

«Jean Rollin est un poète, un vrai. Et comme tous les vrais poètes, il se situe en dehors des courants et des modes. L'univers qu'il suscite et les personnages qui y évoluent sont aussi intemporels et aussi fascinants que les légendes auxquelles il se réfère. Sous sa plume, c'est toute la Bretagne celtique qui renaît, avec ses rites mystérieux, ses sortilèges obscurs, son passé toujours présent. Cette petite fille rousse qui danse parmi les menhirs, sur la lande baignée de lune, et cherche dans les cairns la Cabriole magique, n'est-elle pas née, un soir d'hiver, des chuchotis de quelque barde inspiré ? On pourrait le croire, tant le ton est celui d'un conteur d'autrefois et conjugue adroitement les mythes éternels de l'enfance et ceux d'une contrée imprégnée d'étrangeté.

À lire au coin du feu de bois, tandis que mugit le vent sous la porte... »

 

Gudule (préface à La Cabriole a disparu)

 

(Liv'éditions, coll. "Létavia jeunesse", 1998)

 

 

(Coéd. Editinter - Rafael de Surtis, 2001)

Qui est Tuatha la petite fille rousse, quel est le secret de sa naissance, qu'est-ce que la cabriole ? Toutes ces questions et bien d'autres Thomas se les pose. Il trouvera des réponses, en compagnie de Tuatha, au cours de palpitantes incursions dans le monde magique...

La rencontre d'un homme au bord du suicide avec une petite fille venue de nulle part, qui pleure sur les marches d'un escalier parisien. Qui est cet homme auquel son désintérêt pour la vie ouvre les portes d'un ailleurs peuplé d'ogres, de nécrophages et de nains ?

« C'est la magie de Jean Rollin : savoir susciter l'ineffable. Il nous entraîne dans son sillage vers ces territoires intimes. des contrées où se côtoient tendresse et cruauté, ironie et peur, et desquelles on ne sort jamais intact.

 

Nul mieux que Jean Rollin - passant tranquille arpentant, les mains dans les poches, les rues du 20e arrondissement - n'a su donner corps à ces éblouissants vertiges, ces itinéraires sans issue où l'innocence se nourrit de chair humaine et fait un pied-de-nez mutin au conformisme. »

 

Anne Duguël (extrait du texte pour la 4e de couverture de La Petite Ogresse)

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